- TCHÉTCHÉNIE
- TCHÉTCHÉNIETCHÉTCHÉNIERépublique du Caucase du Nord appartenant à la fédération de Russie (capitale Grozny). Intégrés dans la Russie au XIXe siècle, les Tchétchènes se sont souvent opposés aux Russes. Durant la période soviétique, ils font d’abord partie de la république autonome du Daghestan. Une République autonome tchétchène-ingouche est créée en 1936. En 1944, celle-ci est supprimée et n’est rétablie que le 12 février 1957. Lors du recensement de 1989, la République tchétchène-ingouche comptait 1 270 000 habitants dont 734 000 Tchétchènes, 164 000 Ingouches et 294 000 Russes. Comme dans toutes les républiques d’U.R.S.S., le putsch raté d’août 1991 dirigé contre Mikhaïl Gorbatchev a des répercussions en République tchétchène-ingouche. Le 13 octobre, le comité exécutif du Congrès national du peuple tchétchène, dirigé par le général de nationalité tchétchène Djokhar Doudaev, prend le pouvoir à Grozny et décide d’organiser l’élection d’un président et d’un Soviet suprême. Djokhar Doudaev est élu président le 27 octobre. Il déclare au cours de la campagne électorale que, en cas d’activités agressives de la Russie contre le peuple tchétchène, «celle-ci perdrait pour longtemps une vie tranquille», car «la Tchétchénie est le centre de trois siècles d’opposition entre le Caucase et la Russie». Par son premier décret, il proclame la souveraineté de la République à compter du 1er novembre 1991. L’élection du 27 octobre est considérée comme nulle par les autorités fédérales russes. Un décret du président Eltsine (7 nov.) instaurant l’état d’urgence dans la République tchétchène-ingouche est rapporté quatre jours plus tard par le Soviet suprême de la république socialiste fédérative soviétique de Russie qui «souhaite poursuivre le règlement de la crise, non pas par la voie de mesures d’exception, mais par des moyens politiques». Pendant plus de deux ans et demi, le pouvoir fédéral tolère la sécession de fait de la Tchétchénie. Une République ingouche est créée en 1992. Les autorités fédérales hésitent quant à la politique à tenir à l’égard de la Tchétchénie. Ainsi, les régiments de l’armée russe quittent le pays, au printemps de 1992, mais y laissent leurs armes, y compris les armements lourds. La République tchétchène, de même que le Tatarstan, ne signe pas le traité fédéral en mars 1992. En janvier 1993, une délégation parlementaire et gouvernementale russe conclut avec une délégation du Soviet suprême de la République tchétchène un protocole sur la délimitation des compétences entre les organes d’État de la fédération de Russie et ceux de la République tchétchène, qui devait être la base du traité correspondant, mais le document est désavoué par Doudaev. La République tchétchène n’organise pas le scrutin du 12 décembre 1993 pour l’adoption de la Constitution de la fédération de Russie et pour l’élection des députés à l’Assemblée fédérale.La Constitution fédérale fournit une base pour régler les litiges restés en suspens. Le 25 mars 1994, la Douma d’État charge le gouvernement de mener des consultations avec les organes représentatifs du pouvoir ainsi qu’avec tous les mouvements politiques de la République tchétchène. Mais la Tchétchénie se veut État indépendant et ne peut donc rétablir des relations avec la Russie que sur la base d’un traité entre États, ce que la Russie ne peut accepter.L’opposition réunit le 4 juin 1994 un Congrès du peuple tchétchène qui élit un Conseil provisoire jusqu’à la tenue d’élections démocratiques. Le 1er août, ce Conseil provisoire, avec le soutien du gouvernement fédéral, déclare «prendre l’intégralité du pouvoir d’État dans la République tchétchène» et démettre de ses fonctions Djokhar Doudaev. Le 10 août, ce dernier décrète la mobilisation générale. Le 26 novembre 1994, l’opposition engage une action armée contre la capitale Grozny, qui échoue. Les présidents des républiques et des régions voisines de la Tchétchénie s’adressent alors au président Eltsine, «garant de la Constitution de la fédération de Russie, des droits et libertés de l’homme et du citoyen», en lui demandant «d’arrêter le conflit sanglant en Tchétchénie et de prendre toutes les mesures pour assurer l’ordre constitutionnel, la protection des droits et des intérêts légitimes de citoyens et des plus importants d’entre eux, les droits à la vie et à la sécurité». Le 29 novembre, Boris Eltsine réunit le Conseil de sécurité, car il souhaite «prendre la décision finale à propos de la situation en République tchétchène [...]. En considérant que c’est une république de la fédération de Russie, nous ne pouvons rester à côté de cette effusion de sang». Le lendemain, il fixe au 1er décembre à 6 heures le début des mesures pour rétablir la légalité constitutionnelle et l’ordre juridique en République tchétchène et crée un groupe de direction des actions pour désarmer et liquider les formations armées, introduire et soutenir le régime de l’état d’urgence sur le territoire de la République tchétchène, dirigé par le ministre de la Défense Pavel Gratchev. Le 11 décembre, le président Eltsine annonce à la population que l’armée russe entre en République tchétchène. Malgré un bombardement massif de Grozny et des principales villes tchétchènes, l’armée russe n’arrive pas à vaincre la résistance tchétchène qui se réfugie dans les montagnes. Le programme fédéral: démilitarisation du territoire tchétchène, normalisation progressive de la vie dans les arrondissements contrôlés par les autorités fédérales, rétablissement définitif du pouvoir du peuple et création d’organes constitutionnels du pouvoir, est lent à mettre en œuvre.Au printemps de 1995, malgré la prise de Grozny (janvier) puis celle des principales villes tchétchènes (mars) par l’armée fédérale, la résistance tchétchène se poursuit.Tchétchénie(république de) république de la Fédération de Russie dans le nord du Caucase et sur la mer Caspienne, peuplée principalement de Tchétchènes; env. 1 million d'hab.; cap. Groznyï.— Ressources pétrolières.— Jusqu'en 1992, ce territ. formait la partie princ. de la Tchétchéno-Ingouchie. En 1991, elle proclama unilatéralement son indépendance et élut un Parlement et un prés., Djokhar Doudaïev. Les Ingouches ne participèrent pas au scrutin, que Moscou jugea illégal. Aussitôt, les Ingouches formèrent la république d'Ingouchie (au sein de la Russie). La tension s'accrût et, en déc. 1994, l'armée russe fit le siège de Groznyï, qui tomba en fév. 1995, mais sans venir à bout de la résistance tchétchène. En 1997, Aslan Maskhadov, chef d'état-major, fut élu président de la République et il conclut un accord de paix avec la Russie.
Encyclopédie Universelle. 2012.